Le récit
Curieuses sensations en ce vendredi matin à l'aéroport de Nantes.
Partir pour un week end marathon en amoureux, seuls, sans les enfants, c'était une première.
Partir courir un marathon sur le continent africain, ça aussi, c'était une première.
Partir avec pour seule préparation physique 4 semaines de footing léger après 5 semaines de repos forcé et une tendinite à peine résorbée : rien ne m'arrête (?).
Partir les mains dans les poches avec pour seul préparatif de voyage un billet d'avion, ça je ne l'avais jamais fait : j'ai plutôt tendance à tout réserver et préparer à l'avance. Pour notre séjour, je me suis intégralement reposé sur notre hôte local, Mounir.
De touristique, la destination avait donc tous les attributs.
- Mounir, notre hôte marrakchi
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Marrakech, trois heures plus, nous faisons la connaissance de Mounir venu avec son fils nous chercher à l'aéroport.
Première découverte de la ville en voiture : premier dépaysement que ce décor plutôt aride avec tous ces batiments couleur ocre et tous ces deux roues qui slalomment gaiement dans un trafic fluide et apparemment libre de toute règle de conduite si ce n'est qu'ici, on roule bien à droite.
Mounir se fait guide et nous présente les sites devant lesquels nous passons : la Mamounia, palace marocain à proximité du départ du marathon, la Koutoubia, grande mosquée, la place Jamâa El Fna, prononcer "j'ai mal au foie".
Quelques petites rues et ruelles plus loin dans la médina, à proximité du lycée (ou collège ?) Mohammed V, nous arrivons à notre riad. Aucun signe extérieur de luxe ou de confort, aucune enseigne, juste un petit écriteau sur la porte d'entrée c'est la règle ici, mais, à l'intérieur,...
Une hôtesse souriante nous accueille et nous mène au salon où nous sera servi notre premier thé marocain.
La découverte de notre chambre ne fera que confirmer notre premier sentiment : on va nous chouchouter.
Même si la pluie s'invite pour notre première ballade dans la Médina et notre premier repas CLM, le séjour s'annonce déjà trop court !
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Les CLM, parlons-en. Le riad leur appartient : j'ai retrouvé avec plaisir une belle clique : Pconvert et LaTortue, Palmito, RoadRunner38, Carpediem17, Doug et Maripausa, fait la connaissance de Marathonman71, Deltarun, Gianigump, Robocop78.
Le samedi, nous avons cheminé ensemble, visité le magnifique jardin Majorelle créé par Yves Saint Laurent avant de nous rendre au village marathon, place du 16 novembre.
Là, pas de cohue, j'ai retiré mon dossard rapidement, le N°1628. Puis Mounir nous a emmené chez Bejgueni pour un bon repas. Nous avons terminé chez Oliveri par une bonne coupe de glace et un bon café. 10 000 calories garanties !
Nous avons beaucoup, beaucoup marché l'après-midi pour rejoindre la Médina et faire les souks. Pas recommandé en cette veille de marathon. Mais quelle belle ballade !
La soirée s'est terminée avec la traditionnelle pasta party chez Luigi au niveau de la "gare des trains" dite gare ONCF. petite fête que nous avons dû quitter prématurément car mon Isabelle était malade : vraisemblablement un gros coup de fatigue qui la clouera au lit une bonne partie du lendemain.
- Une belle, mais vraiment belle... galère !
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6h00, un peu inquiet, je quitte ma tendre moitié déjà réveillée mais encore patraque pour aller déjeuner. Que demander de plus, un petit déjeuner copieux (comment rester raisonnable dans ces conditions ?) nous attend : tout le monde est vraiment super dans ce riad, aux petits soins pour nous.
7h30, nous sautons dans un taxi et, 20 dirhams plus tard, arrivons au pied du boulevard Mohammed VI, point de départ et d'arrivée de ce marathon. Dans une petite rue adjascente, Mounir et son véhicule 'vestiaire' nous attendent.
Bien que le soleil pointe déjà ses premiers rayons, il fait frisquet ce matin. C'est à proximité d'une bouche d'air chaud, que nous allons attendre le départ du semi à 8h30.
Nous encourageons les CLM inscrits sur la distance et nous préparons pour le départ programmé à 9h00.
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Je sentais que la température allait vite grimper alors, j'ai opté pour le minimum : short et débardeur. J'ai juste oublié la crème solaire et, à l'issue de la course, je serai auréolé de mes premiers coups de soleil 2012 !
9h00, accompagné de Frédéric (carpediem17), Laurent (Robocop78) et de Gianigump, je franchis le portique de départ.
Pas rassuré car je pense à mon Isabelle malade et à ce qui s'annonce comme une terrible épreuve au vu de ma condition physique insuffisante. La fin sera très dure, je le sais : le tout est de savoir à partir de quel kilomètre commencera la fin !
Les premiers boulevards sont agréables et très rapidement, je vais me laisser distance par mes amis CLM car la clé de mon succès passe par une allure lente dès le départ.
Au 5ème kilo, je retrouve Didier (Doug) pendant la traversée des jardins de la Menara. Blessé, sans entrainement depuis des semaines, son défi est bien plus difficile que le mien. Je décide de cheminer avec lui.
Il faudra attendre le 7ème kilo pour le premier ravitaillement : fruits secs et eau en bouteille que je garde à la main pour m'hydrater régulièrement. Au sortir des jardins, nous attaquons la première d'une série de longues, très longues lignes droites : les sommets enneigés de l'Atlas en point de mire, le soleil au zénith dans un ciel sans le moindre nuage.
Nous traversons nos premiers carrefours embouteillés où la police locale peine à contenir des automobilistes et motocyclistes un poil agacés (si l'on se réfère au volume sonore des coups de klaxon).
Au chapitre des anecdotes, je ferai le yoyo avec cette marathonienne dont le maillot affiche "I'm not fast but I'm ahead of you!" et qui au final finira quelques mètres... devant moi !
Egalement, ce tricyle bien local avec un caméraman qui nous filmera à plusieurs reprises pendant près de la moitié de la course, distraction comme une autre.
Mes première sensations ne sont pas terribles : jambes lourdes, peu toniques. Je redoute encore plus la fin de parcours.
Mais, en compagnie de Doug, pas d'ennui. Le charme et la douceur de Marrakech opèrent. Le maigre peloton de marathoniens (environ 600 au départ) s'est bien vite étiré et les distances avec les coureurs qui nous précédent s'allongent laissant présager quelques moments de grande solitude.
Un grand rond-point bien encombré et nous partons à l'assaut de la 2ème méga ligne droite du jour : 3 km le long des jardins de l'Agdal. La première en faisait 5 !
Doug, qui souffre depuis quelques kilomètres maintenant, décide de jeter l'éponge et de rallier l'arrivée au plus court (il fera quand même près de 30 kilomètres au total) : je l'abandonne avec regret.
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Seul maintenant, j'accélère un petit peu. Jardins, oliveraies, lignes droites, militaires qui assurent la sécurité, supporters ici et là : finalement, les kilomètres défilent, défilent.
Le semi pointe le bout de son nez. Je ne vais pas vite mais mes jambes tiennent. Pas de douleur. Je savoure, tape dans les mains des enfants qui bordent le parcours et qui, tout autant que les adultes, nous encouragent avec de grands sourires : vraiment une belle ambiance.
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A partir du 22ème et jusqu'au 25ème, aux abords d'une zone commerçante, changement de décor.
La circulation se mèle à la course. Je commence à courir en surveillant les véhicules qui viennent de l'arrière et me frôlent. Je respire les gaz d'échappement. La sécurité des coureurs n'est plus assurée : les coureurs font tache dans le paysage. Les piétons nous regardent sans vraiment savoir ce que nous faisons là !
Je traque les flèches bleues peintes sur la chaussée - celles qui balisent la course - et que le véhicules me masquent. Par moment, je ne vois même plus les coureurs qui me précèdent. Je cours où je peux évitant bus, automobiles, tapant de la main sur les carrosseries pour me faire respecter. Vraiment stressante cette portion du parcours.
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Heureusement, après ces 3 kilomètres inconfortables, nous retrouvons le calme et le dépaysement de la palmeraie. Plamiers et dromadaires nous font vite oublier le récent désagrément subit. Des clubs de vacance luxueux, terrains de golf, une patinoire même (?) s'inscrivent dans le paysage.
Je rattrape quelques coureurs, échange quelques mots. J'avance toujours mais je commence à sentir la fatigue vers le 30ème. Pas le mur, juste des muscles qui commencent à peiner après plus de 3 heures d'effort.
Au sortir de la palmeraie, je retrouve de longs boulevards. un soleil de plus en plus pesant.
Au 35ème, Palmito, qui n'a couru que le semi et se doit de retourner dare-dare à la maison, au volant de sa voiture, sur la voie opposée, m'adresse un bel encouragement.
A la défaveur d'une pause technique brève mais mortelle, va débuter la belle galère physique que j'attendais.
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Je suis cuit. Mes jambes n'en veulent plus. Mais j'ai le moral : trop content d'être là. Je continue, lentement mais sûrement.
J'enchaine en trottinant une série de longs boulevards sans grand intérêt. Je marche de temps en temps, discute avec tous ceux qui, comme moi, peinent sur ces derniers kilos.
Comme je fais le yoyo avec un coureur arborant les couleurs italiennes, nous finissons par engager une petite conversation en anglais. Et là, il m'apprend qu'il est originaire de "Milano" et que, comme moi, il courra le marathon du même nom le 15 avril prochain : la vie est bien faite des fois !
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Enfin le retour sur le boulevard Mohammed VI ! Le portique final apparait.
Peu avant la ligne finale, Frédéric (Carpediem17) et Didier (Doug) m'encouragent une dernière fois. Ils ont attendu mon arrivée : chouette mes copains. Merci !
Le chrono affiche 4h42' et quelques secondes que je ne saisis pas, trop heureux d'être venu à bout de ce défi.
Une médaille m'est passée autour du cou tout juste deux mètres plus loin. Encore une que je trouve bien jolie... et méritée.
Je retrouve mon milanais. J'inscrit son adresse mail au dos de mon dossard : je ne manquerai pas de lui demander quelques tuyaux pour ma future expédition à Milan.
Mounir, Pconvert (qui a couru là son 90ème marathon) et La Tortue (qui en a couru à peine moins) m'ont attendu eux aussi. Mounir en hôte de luxe nous recondruira aux portes de notre Riad en voiture.
Isabelle, qui aura passé sa journée au lit va mieux. Après une bonne douche, je m'allonge à ses côtés pour un repos bien mérité.
Ce soir là, nous profiterons d'un repas spécialement organisé pour nous dans notre riad par Mounir. Toujours cette belle ambiance CLM.
Lundi, fin d'un séjour bien trop court à notre goût : l'accueil formidable et le charme de Marrakech nous ont séduits. Je ne remercierai jamais assez Mounir pour sa disponibilité et sa gentillesse.
Marrakech, essai transformé pour notre premier rendez-vous 2012.