Marathon pluvieux, testé.
Marathon caniculaire, testé.
Marathon fatigué, testé.
Pour mon 7
ème dossard nantais, dans la collection marathon galère, je testais ce dimanche 17 avril, la version marathon patraque.
Toujours la même rengaine, fastoche Nantes, je joue à domicile donc pas de souci de logistique.
Un peu avant 7h00, assis en short dans le tramway direction le château des Ducs de Bretagne.
Première nouveauté, la consigne pour les effets personnels n'est plus à proximité de la ligne de départ mais sur le site d'arrivée à la cité des congrès.
Une station de busway plus tard, je pointe ma carcasse à la dite cité.
Ce que je considérai comme une régression - eh oui, il va falloir marche un bon kilomètre pour rejoindre la ligne de départ à pied - va finalement bien m'arranger.
Pourquoi ?
Premièrement, avec seulement 5°C, fait pas bien chaud : mais le ciel est déjà dégagé et la promesse d'une météo idéale semble sur le point d'être tenue.
Deuxièmement, bad news, j'ai la crève : le truc qui vous tient depuis 3 semaines et dont il est impossible de se débarrasser.
Rhume, mal de gorge, bronches encombrées et, cerise sur le gâteau, la mollitude (cherchez pas dans le dico) totale.
Pas d'énergie.
La course va prendre des allures de combat.
Avec des jambes qui n'en veulent pas face à une tête de pioche qui a décidé de ne pas capituler
Finalement, donc, patienter en papotant à l'abri avec Frédérique, Didier, engagés sur le semi-marathon (autre nouveauté cette année), David, Olivier, de désaper au chaud 25 minutes seulement avant de rejoindre la cathédrale où se situe le portique de départ, c'est bon pour moi qui suis avare de calories.
10 petites minutes de marche nous amènent au sas de départ.
David choisit les 3h45. Olivier mise aussi sur cet objectif.
Moi, je me glisse au sein du groupe des postulants à 4h00.
Pas convaincu du tout, j'espère juste pouvoir tenir un petit 10km/h qui m'amènerait plutôt vers 4h15.
9h15, c'est parti et c'est parti sous le soleil... et sous les viva d'un public bien plus dense que lors de mes précédentes participations.
Premiers encouragements de Danielle après seulement une centaine de mètres : aujourd'hui, je vais en avoir bigrement besoin et je vais être servi.
Le parcours lui aussi a subi un lifting cette année.
Les premiers kilos nous font longer l'Erdre franchir le pont du Général de la Motte Rouge puis revenir sur le centre avant d'aborder pour un unique passage le jardin des plantes et son maudit faux-plat en haut duquel nous attend un premier ravitaillement.
Heureusement que le peloton est dense, pas loin de 4 000 coureurs entre le marathon classique et le marathon en relais, car moins d'un kilomètre sera nécessaire à mon organisme pour montrer ses premiers signes de fatigue.
Je fais comme si de rien n'était et me cale sur ma cible de 10km/h : ça passera ou ça cassera mais je ne veux pas déjà ralentir... juste garder un peu d'espoir et prier pour que mon expérience et mon capital foncier me viennent en aide.
Je le veux ce 44
ème marathon : je ne vais pas lâcher l'affaire
Le 7
ème kilo nous ramène à la cathédrale.
Là, Son, un actif membre du groupe des "Trailers du 44" avec lequel je me suis accoquiné, privé de marathon pour blessure, assure la couverture médiatique de la course et me prendra en photo.
Ensuite, vient le premier des trois passages rue de Strasbourg, allée Baco, puis nous retrouvons la trace des éditions précédentes.
Ile de Nantes, Pas Enchantés, MIN, Trentemoult, j'ai des supporters un peu partout : Sylvain, le batteur de mon groupe de Rock qui me suivra en VTT quasiment jusqu'au bout, Alexandra, Stéphane, Yannick, Cécile, Roger, Bernard, Hélène, ... j'emmagasine les encouragements et, franchement, ça m'aura dopé.
Km 10, pont de Tbilissi, je rejoins David et Thierry (de la clique CourirLeMonde.org). Les dépasse.
En fait, en regardant mon chrono, je constate que j'ai légèrement accéléré.
Non seulement, ça ne calme pas ma sensation de fatigue mais, sans garantie de pouvoir tenir, ça m'inquiète un peu.
Pas grave, je tente le tout pour le tout et ne change pas de cadence.
Assez concentré, à l'écoute du moindre signe physique, j'en oublie un peu les kilomètres qui finissent par s'accumuler.
1h54 au semi, incroyable.
Il faut dire que tout est réuni pour m'aider : la température qui est devenue idéale, le soleil, les spectateurs que je n'ai jamais vu aussi nombreux et démonstratifs.
En point négatif, le vent, un classique nantais, qui, quand je l'ai de face m'oblige à une débauche d'efforts supplémentaires dont je me serai bien passée.
Un peu plus tard, vers les Machines de L'Ile, les premiers nous dépassent.
Une autre planète...
Mais, un autre problème commence à poindre.
Je ne sais pas si c'est l'eau particulièrement froide des ravitaillements ou la fatigue ou les deux peut-être mais mes intestins se mettent en mode désordre.
N'y tenant plus au km 28, je m'écarte en urgence du peloton pour me mettre à l'abri des regards et soulager avant la catastrophe une envie devenue trop pressante.
Je ne repartirai qu'après 5 bonnes minutes.
Les jambes coupées, il me faudra un bon bout de chemin pour relancer la machine et retrouver une cadence proche des 10km/h.
Plus globalement, ce n'est pas très poétique, mais pendant toute la course je n'aurai pas arrêté de cracher et de me moucher. Pas facile de dégager ses voies respiratoires tout en restant discret
Plus vite, ce n'est plus possible.
A partir de ce moment, la course devient un réel combat contre moi-même.
Je n'ai qu'une envie : marcher.
Ma tête dit : si tu commences à marcher, c'est foutu, fini les 4h00.
La volonté va tenir tête à la fatigue jusqu'au 38
ème.
Et là, point de côté.
Plus d'eau au ravitaillement de la place Royale.
Obligé de m'arrêter, trop mal.
Je repars après quelques instants. Re point de côté.
J'attends encore un petit peu et reprends lentement mon cheminement cours des 50 otages.
Mais que ma foulée est lourde, lourde, lourde... heureusement que j'avais un peu d'avance car j'ai perdu pas mal de temps.
Pour rester sous les 4 heures, je vais devoir relancer et ne pas craquer.
Je me booste avec le seul point positif qu'il me reste : ceux qui galèrent, marchent, vont moins vite que moi.
Je double régulièrement des coureurs plus en difficulté que moi et ça m'aide.
3
ème et dernier passage rue de Strasbourg, allée Baco.
Les bords de Loire annoncent le dernier kilomètre.
A l'énergie, avec la quasi certitude de rester sous ces 4 heures symboliques, je garde mon modeste rythme.
La dernière ligne droite qui mène à la cité des Congrès est noire de spectateurs.
Je décide de donner ce qu'il me reste en stock, accélère.
Accélère encore à la vue du tapis bleu et du portique final.
3h55'53", c'est le temps qu'il m'aura fallu pour boucler ce marathon.
J'en aurai bien bavé mais, une fois encore, j'aurai la satisfaction d'y être arrivé.
A peine la ligne franchie, je tremble de fatigue. Je suis au bout du rouleau.
Je reçois une médaille qui ne figurera pas parmi les plus belles de ma collection.
Pareil pour le maillot, certes de belle qualité, mais d'un noir très austère.
Je retrouverai Olivier puis irai rejoindre les
All Hopes et Les
Trailers du 44, deux groupes de coureurs bien sympas que je côtoie depuis quelques mois.
Revers de cette 44
ème médaille, les crampes qui vont suivre un peu plus tard et les méchantes courbatures du lendemain.
Voilà, courir un marathon à moitié malade, c'est possible mais ça reste une rude épreuve.
Prochain objectif, nouveauté encore, un 100 kms marche dans le parc naturel du Morvan : ce sera pour les 21 et 22 mai prochains.
OXFAM Trailwalker, mon prochain défi.