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La 4ème dimension...

Moi, cent-bornard !

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La préparation

Pas pour moi. C'est ce que je me suis longtemps dit... sans trop y croire... sans trop m'écouter.
La trouille. Oui, la trouille. Comme lorsque je me suis inscrit à mon premier marathon en 2001.
Une nouvelle dimension, un nouveau défi, un nouveau rêve qui va peupler mes nuits jusqu'au 15 mai au matin. Car, ça y est, je suis décidé : il faut au moins que je tente le coup.
Comme pour mon premier marathon, j'ai choisi une épreuve proche de chez moi : Chavagnes-en-Paillers, c'est à moins de 50 kilomètres de Saint-Herblain.
Pas mal d'interrogations commencent à me tarabuster : quel plan d'entraînement, quelle alimentation, quel objectif, quelle allure ?
Encore un petit journal, modeste témoignage de ma quête du titre de cent-bornard.
  •   Questions : et pas forcément, réponses !
  • Commençons par le commencement. Essayons de faire le point en quelques questions sans forcément trouver les réponses immédiates et complètes, il faut y réfléchir.
    Dans ma quête, le livre de Bruno Heubi "Courir Longtemps" que m'a généreusement prêté Thierry (alias Bobosse44) m'a donné les premières pistes.
  • Quel objectif me fixer ?
    Sur la base d'un marathon généralement couru en 3h40' et en appliquant le coéfficient de 3 voire 3,2 pour coureur moyennement endurant, au vu d'un parcours sans dénivelé majeur, je mise sur un temps compris entre 11h00' (9' km/h soit 6'36" au km) et 11h44' (8,5 km/h soit 7'02" au km).
  • Quel plan d'entraînement adopter ?
    Là, j'ai fait appel à mon pote Caliméro récent cent-bornard (allez jeter un oeil sur son blog). Je vais m'inspirer de ce plan élaboré pour les 100 Kms de Millau. On en reparlera.
  • Quelle stratégie de course ?
    La régularité est de mise. Un départ trés en douceur d'impose pour ne pas hypothéquer ses chances. Le respect de l'allure cible, celle travaillée à l'entraînement, est primordial.
  • Quelle alimentation en course ?
    Le site de la course annonce que le nécessaire sera sur place. C'est à étudier.
    Conseil de mon Double, habitué des efforts longs en vélo : pâte d'amandes, 1 bouchée toutes les 20 minutes. Je vais faire un test lors de mes longues sorties.
  • Cliquez pour agrandir Quelles chaussures pour une telle distance ?
    En fait, c'est un des premiers choix que j'ai réalisé. Je voulais des ASICS KAYANO réputées pour leur confort et leur amorti. J'ai fait les soldes de janvier sur le Net et trouvé la paire à ma taille.

  •   Janvier : préparer l'après Séville
  • 3 mois avant le grand rendez-vous, je termine ma préparation pour le marathon de Séville. Un marathon pendant lequel je n'aurai de pensée que pour mon nouveau défi. Car, à peine bouclé, il sera temps de démarrer ma préparation spéciale 100 bornes.
  • 29/01 : chez moi, un objectif ne prend forme que lorsqu'il est concrêt. Ce matin, j'ai donc posté mon inscription. La photocopie de ma licence FFA et un chèque 41€ (31 pour l'inscription et 10 pour la pasta du vendredi soir) accompagnaient mon bulletin.
    J'ai opté pour une nuit sur place, hébergement collectif en gymnase, préférant arriver la veille pour retirer mon dossard et éviter l'angoisse de la route et d'un lever trop matinal. Même si je risque de peu avoir dormi, je serai au moins reposé.
  • 08/02 : no comment !
    Confirmé :

  •   Février : voir Séville et redémarrer
  • 14/02 : marathon de mise en jambes, première compétition de l'année, Séville, par un froid matinal et venteux, m'a vu un peu limité dans mes efforts. Un marathon superbe à l'organisation parfaite suivi d'une semaine touristique intense dans une ville somptueuse. Bon pour la tête avant d'attaquer ma prépa 100 kms.
  • Cliquez pour agrandir 22/02 : parlons un peu équipement. Au vu des météos pluvieuses qui ont jalonnées ma dernière préparation marathon, partant du principe que ça ne va pas forcément aller en s'améliorant, j'ai fait l'acquisition d'un lecteur MP3 Waterproof : de crainte de griller mon 2ème iPod Shuffle, je ne le porte jamais en conditions humides (alors que ce serait là le plus nécessaire). Je vais ainsi pouvoir affronter avec un peu plus de plaisir les longues sorties sous la pluie.
  • 24/02 : c'est fait. Sur la base du plan à 5 séances présenté dans le livre de Bruno Heubi, avec un objectif de 11h00 (environ 9km/h soit 6'40"/km), je viens de réaliser MON plan de préparation sur 9 semaines précédé d'une période de relance post marathon (3 semaines).
    Il est téléchargeable ici.
    Attention : ce n'est qu'une trame initiale que j'amenderai sûrement, notamment aux abords du marathon de Vienne.
    Pour info : "FCM" = 173 bpm, "Allure 1" = 121bpm, "Allure 2" = 129 bpm, "Allure 3" = 138 bpm
    NB : ce matin, 2ème séance consécutive sous la pluie : j'ai testé avec bonheur mon MP3 Waterproof.

  •   Mars, avril : apprendre... la patience
  • Premier bilan : J'ai consacré les 4 semaines post-marathon de Séville à relancer la mécanique. Mon unique objectif, outre de repartir en douceur, était de commencer à m'habituer à courir lentement.
    Eh bien, je dois dire que j'en ai bavé. Difficile de courir lentement, trés difficile. Il faut ralentir la cadence, écourter la foulée, se caler sur un rythme inhabituel. Durant 4 semaines, j'ai eu l'impression de ne pas avancer, à la limite de l'ennui.
    Pour corser le tout, mon cardio ne baissait pas tant que je l'aurai espéré. Fatigué plus qu'à l'accoutumée, anormalement courbaturé, mal aux hanches, je me suis souvent demandé ce que je faisais dans cette galère :(
    Reste la volonté, ma volonté, celle qui me pousse à ne pas capituler : aller, je ne suis qu'en phase d'assimilation de ma vitesse cible qui ne sera que de 8,5 à 9 km/h. Ca semble un peu normal... enfin, c'est que je me dis pour me réconforter.
    Un point positif quand même ou plutôt deux :
    1 - J'ai testé sur une sortie de plus de deux heures les pâtes d'amandes (marque Gerblé) que m'avait recommandées mon Double : non seulement je trouve ça bon mais en plus je n'ai pas eu de problème pour les digérer : je vais donc m'habituer à en manger lors de mes prochaîns longs entrainements.
    2 - Lors de ma longue sortie dominicale, samedi dernier, j'ai moins peiné. J'ai à plusieurs reprises trouvé ma cadence à 9 km/h avec un cardio nettement sous les 130 bpm sur les dernier kilomètres : encourageant, non ?
  • 15/03 : l'heure de la préparation officielle à sonné, pas question de se défiler même si les doutes sont omniprésents.
  • 18/04 : à 4 semaines du jour J, le marathon de Vienne s'est rélévé être une répétition générale positive.
    J'y ai respecté mon objectif de courir à allure cible 100 kms, terminant en un peu plus de 4h36' fatigué mais pas exténué.
    Ce marathon de toute beauté, ponctué par une belle semaine de tourisme entouré des miens, m'a fait énormément de bien. Je commençais à m'ennuyer un peu faute de rythme et de compétition.
  • 21/04 : une de mes inquiètudes, comment mes pieds vont-ils supporter la distance ?
    Tout d'abord pour prévenir l'apparition d'ampoules, j'ai entâmé un programme quotidien de tannage de la plante des pieds avec du jus de citron.
    Ensuite, je vais, comme conseillé par d'autres sportifs, acheter de la crême anti-frottement Akileïne NOK pour le jour de la compétition.

    InfoVoici un extrait de l'article du périodique "la santé du pied" de Janvier 2009 qui traite du sujet.
    Prévention des ampoules
    La fameuse ampoule encore appelée «cloque » est de loin la lésion du pied la plus problématique pendant une course, pouvant quelque fois s'étendre sur la moitié du pied. Pour éviter les ampoules, il faut s'occuper de ses pieds un mois avant le jour-J. En effet, il faut préparer la peau à l'effort en durcissant et renforçant le capiton plantaire : on parle de « tannage » du pied.

    1) Pour ce faire il faut appliquer tous les jours dans le mois précédant la compétition des produits tannants sur les pieds : c'est le tannage proprement dit. Il existe différents produits (trouvés en pharmacie), quels sont-ils ? - le citron : appliquer tous les jours le jus d'un citron sur chaque plante de pied. - Une solution d'acide picrique à 2 % : badigeonner l'ensemble du pied. - Un vaporisateur Pat'dur : produit vétérinaire destiné à durcir les coussinets des chiens mais également très utilisé des spécialistes du raid ; à appliquer de la même manière sur les pieds. Cependant, le tannage, lorsqu'il n'est pas méconnu du runner, est bien souvent mal réalisé.
    2) Pour être parfaitement préparé, il faut impérativement après avoir appliqué l'agent tannant et laissé sécher, crémer les pieds avec une crème antifrottement : c'est l'hydratation du capiton plantaire. Si elle n'est pas faite, on brûle la peau qui est alors fragilisée au lieu d'être renforcée ! Cette opération 1) + 2) est donc à renouveler tous les jours pendant un mois. Ensuite, le jour-J, il est important avant le départ de badigeonner SANS MODERATION les pieds avec de la crème anti-frottement puis d'enfiler les chaussettes. Il est également possible de mettre la crème directement sur la chaussette ou dans la chaussure (semelle et/ou contrefort), qui serviront alors de " pompe d'alimentation " pour le pied.
  • 28/04 : j'attendais avec impatience sa sortie. Le caméscope Kodak PlaySport ZX3 est un petit concentré de technologie. Etanche, de la taille d'un téléphone portable, capable de faire des photos de 5 megapixel et des vidéos haute définition, ce bijou va désormais accompagner mes aventures sportives.
    Chavagnes sera son baptême du feu !

  •   Mai : l'heure approche...
  • 01/05 : ce matin dernière longue sortie de 2 heures. Je commence à être fatigué. Un peu usé mentalement aussi. Cliquez pour agrandir
    Les deux semaines qui suivent vont etre consacrées à la récupération. Les kilomètres vont laisser place aux doutes et interrogations.
    Heureusement, j'ai déjà deux comparses CLM qui partagerons mon allure sur cette course : jjboy45800 (également novice comme moi) et Cagouille41 (déjà rencontré à La Rochelle en 2007) seront à mes côtés dés le vendredi soir. Je pourrais décompresser en leur compagnie. Je ne parle pas de Steph35, qui sur une base de 7h, me prendra au moins 3 tours ;)
  • 07/05 : hier, avec une dernière longue et pénible sortie de 1h30, ma préparation a pratiquement pris fin. Place à la récupération avec des footings de 50, 40 puis 30 minutes d'ici le jour J. Il était temps car je finis cette préparation assez épuisé.
    De gros nuages noirs planent sur ma situation professionnelle et le moral n'y est pas. Manque d'appétit, j'ai déjà laissé trois bons kilos sur la balance en deux semaines. J'ai encore huit jours pour me refaire une santé.
  • 14/05 : mes affaires sont prêtes. J'ai mis à profit ces derniers jours pour me requinquer : du repos, un bon équilibre alimentaire.
    J'ai engrangé un max d'énérgie positive grace à tous les témoignages de soutien de mes amis (mon Double, Evy, Patrice et Monique, La Tortue, Doug, Jack, Symphorien, les CLM, ...) et de mes proches, voisins et collègues.
    Je suis donc prêt.
    Départ pour Chavagnes cet après-midi.

  •  Météo :
  • Au 14 mai, prévisions météo pour samedi 15 au départ de Montaigu sur fr.weather.com :
    Meteo averses en matinée, mini 6°C - maxi 16°C, risque de précipitations 30%.
  •   Organisation
  • A/R Nantes-Chavagnes-en-Paillers : en voiture le 14 mai.
  • Hébergement : collectif et gratuitement proposé par l'organisation.
  •   Infos marathon
  • Inscription : 31 € pour les licenciés FFA + 10 € pour la pasta party
    (de 31 € à 42 € selon la période)
  • Départ : 5h00, Chavagnes en Paillers
  • Circuit : une boucle de 724 mètres puis 6 tours de 16,546 kms
Parcours
Le trophée
Mon angoisse était à la hauteur de mes espoirs.
Je vous livre ici le récit de cette première tentative et de son heureuse conclusion.
un grand merci à tous ceux qui m'ont soutenu avant et pendant cette épreuve.
Le dossard

Le récit

Chavagnes-en-Paillers, c'est à moins de 60 kilomètres de chez-moi. J'aurai pu m'y rendre le matin même.
J'avais pourtant décidé d'y aller la veille pour ne pas ajouter au stress de mon futur exploit.
Bien m'en a pris. Perturbé ces derniers jours par de gros problèmes professionnels (un peu affaibli par 3 kilos perdus en 2 semaines et un moral au plus bas), j'ai ainsi trouvé le moyen de décompresser en compagnie de quelques amis rencontrés sur le forum CLM.
Aventure solitaire, sans les miens, seul face à un défi qui me faisait vraiment très peur.
Peur de ne pas tenir, peur de ne pas finir, peur de la déception.
  •  Vendredi, la pasta party, les rencontres CLM :

  • Photo Arrivé tranquillement vers 17h00 à Chavagnes, je trouve sans difficulté le complexe sportif.
    Juste à côté sur le stabilisé, la Vendée affiche ses couleurs, le 100 kms aussi. Les structures pour l'événement du lendemain sont prêtes.
    Je pars collecter mon dossard (le N°1216) et vérifie que la puce qui m'est attribuée fonctionne. Avec, je récupère une big brioche vendéenne et l'affiche de cette épreuve support du championnat de France.
  • Photo En sortant de la salle de sport, je retrouve Jean-Louis (alias Cagouille41) que j'avais déjà rencontré à La Rochelle en 2007.
    Il est accompagné de Pascal, de Jean-Jacques (jjboy45800) et sa compagne. Comme moi, Jean-Jacques et Pascal sont des aspirants cent-bornard. Jean-louis avec 9 réalisations sur la distance est aguerri à l'exercice.
    Le temps de prendre une petite mousse, d'aller découvrir le site du départ, nous retrouvons François (Thorson), lui aussi un habitué de l'ultra.
    Nous nous installons pour la pasta vers 19h. Rien à dire, tout est bien organisé. Nous échangeons nos doutes contre des conseils, écoutons les expérimentés parler de leur réussites et de leurs galères.
    C'est sur, demain sera une rude journée mais tout cela reste humain, à l'image de ceux qui nous en parlent.
    Un petit constat tout le même, la moyenne d'âge du cent-bornard est plutôt élevée. Ce qui en dit long sur les qualités nécessaires à la réussite sur cette distance : l'expérience, la sagesse et la connaissance de soi sont primordiales.
  • Vers 20h, je rejoins l'hébergement collectif proposé gratuitement par l'organisation, une salle d'école primaire, et y installe mon couchage de fortune.
    Nous somme 5 dans la salle et échangeons avant de dormir nos impressions sur la journée du lendemain car, pour la plupart, le 100 kms n'est encore qu'un rêve.
    Je prépare mes affaires, épingle réglementairement un dossard devant, un dossard derrière le débardeur aux couleurs de mon club, fixe la puce à ma chaussure droite (ça c'est pas réglementaire, c'est un tic, une façon de conjurer le sort).
    J'utilise le dossard réservé à l'accompagnateur vélo - pas de suiveur pour moi - pour identifier le sac dans lequel je dépose une deuxième tenue de course - pour pouvoir me changer en cas de pluie intense - et ma réserve de pâtes d'amande, sac qui sera déposé à la consigne à proximité du départ et accessible à chaque tour.
    Je craignais de ne pas dormir. Finalement je roupillerai de 21h30 à 1h15, heure à laquelle je consulterai, satisfait, ma montre.

  •  Les 100 kilomètres :

  • Il est 2h30 quand je sors de mon duvet, remballe mon paquetage, me prépare. J'ai rendez-vous avec mes copains à 3h30 pour le petit déjeuner servi dans le même gymnase proche du départ. Je retrouve donc Jean-Louis, Pascal, Jean-Jacques. Café, jus d'orange, gâteau énergétique, pain.
    Je retourne chercher mes affaires laissées dans ma voiture puis m'isole dans un coin du gymnase pour me préparer. Strapping sous la plante des pieds, crème NOK à outrance pour limiter les échauffements des pieds, de l'entrejambes, des aisselles.
    Bonne surprise, il ne fait pas aussi frais qu'annoncé. Je mets quand même des manches longues sous mon débardeur. Pas besoin de gant ni de sac poubelle pour attendre le départ. Il fait nuit noire sur la zone de départ. L'atmosphère est calme. Tout le monde est concentré. Le temps d'une photo, il est rapidement 5 heures.
  • Photo Je ne maîtrise pas encore bien mon nouveau joujou, mon mini caméscope Kodak ZX3. Je vais louper le film du départ. Dommage car il est très émouvant pour moi ce moment. Je l'attends depuis longtemps. Il fait nuit. c'est l'heure de la délivrance. Je pars vers l'inconnu.
    Je reste en compagnie de Pascal. Jean-jacques et Jean-Louis s'évaporent devant nous, absorbés par le peloton. Je n'ai pas vu François, tout juste serré la main de Steph35 qui lui part sur une base d'à peine plus de 7 heures !
    Il y a du monde sur les gradins, incroyable. Pas la grande foule, les accompagnateurs qui ne pourront aider leur coureur qu'après le premier tour, les proches, les bénévoles, il y a un joli public pour nous acclamer à deux reprises au départ puis à l'issue d'une petite boucle de 700 mètres.
  • Je n'y ai pas pensé. Je n'ai pas prévu de lampe frontale. Lorsque nous quittons le stade, c'est la nuit noire. Je retrouve l'ambiance de mon premier trail de nuit à Ecuillé en décembre 2009.
    Je reste collé à un coureur qui, à mon rythme, éclaire mes pas. Pas de blabla dans ce peloton qui s'étire rapidement. Il faut dire qu'à peine plus de 500 participants sont en route : on est loin des affluences marathon Photo
    Premier petit village, Benaiston. L'église est illuminée. Un petit groupe chante et nous acclame. La cloche de l'église tinte au rythme du courageux que l'on voit s'escrimer au bout de la corde qu'il actionne. Incroyable à cette heure. Ca fait plaisir d'être là.
    Ensuite, c'est le début d'un long cheminement dans le silence et l'obscurité. Routes et chemins se succèdent sans qu'on y prête vraiment attention. Jusqu'au jour naissant, la première boucle va passer sans trop que je m'en aperçoive. Avec Pascal, nous parlons un peu. Nous nous intégrons dans un groupe qui explosera dans la deuxième boucle à la faveur des arrêts et changements de rythme.
  • Photo Il y a trois zones de ravitaillement et deux zones d'épongeage sur le parcours. Et je dois dire, qu'à chaque passage, j'y aurai puisé une grosse dose de courage.
    Non seulement, j'y retrouverai diverses boissons (eau plate, eau gazeuse, coca, glucose, boisson énergétique) et aliments sucrés et salés (pain d'épice, sucre, orange, figues, pain avec confiture, Vache qui Rit, pâté, ...) mais j'apprécierai l'ambiance survoltée et la gentillesse des bénévoles qui jusqu'au bout seront là pour nous encourager.
    Chaque ravitaillement est un petit spectacle avec son décor (banderoles, portiques de paille, décorations diverses), sa mise en scène et ses acteurs. Un seul mot me vient à l'esprit : génial.
    La banderole des "kékés du bocage" me fait à chaque fois penser à mon Double qui aurait dû être à mes côtés. Mon Kéké que j'attends avec impatience sur un prochain défi.
    Sur les derniers tours, je les verrai venir avec délices : plaisir d'avoir avancé de quelques kilomètres, plaisir de retrouver ces gens si sympathiques.
  • Photo Revenons au deuxième tour que j'aborde en un peu plus de deux heures.
    Jusque là, les sensations physiques ne sont pas terribles. Peut-être trop crispé, tétanisé par l'enjeu. Je ne suis pas serein.
    A 50 mètres à peine de la ligne, je vois s'élancer les coureurs du marathon et du marathon en relais qui partent à l'assaut d'une première petite boucle d'un peu plus de 8 kms. Au sortir du stabilisé, Yannick, collègue venu courir le 2èmerelais, me lance de précieux encouragements. Il terminera vainqueur de l'épreuve !
    Photo Toujours en compagnie de Pascal, j'avance lentement mais sûrement. Je respecte mon allure, pense à m'alimenter régulièrement, à boire régulièrement.
    Comme les ravitaillements son assez espacés, je suis parti avec un bidon porté à la ceinture que je remplirai à chaque arrêt pour pouvoir ensuite boire une petite gorgée toutes les 10 minutes.
    J'ai également des barres de pâte d'amande que j'ingurgite par petites bouchées à intervalles réguliers.
    J'en suis conscient, avec la régularité d'allure, l'alimentation et l'hydratation sont des éléments clé de la réussite.
    Cette boucle verra les premiers me dépasser une première fois : des extra-terrestres, ces champions qui galopent à plus de 14km/h.
  • Photo Le 3ème tour, pourtant symbole de l'approche de la mi parcours, va être le théâtre de ma décrépitude physique et morale.
    C'est dans ce tour que je vais faire la connaissance d'un autre Jean-Claude, déjà trois cent bornes en poche. Il ne veut pas courir seul et mon rythme lui convient.
    J'avais déjà eu une petite alerte au 25ème km. Juste après avoir franchi la distance du marathon, au bout d'une longue ligne droite, mes craintes se confirment.
    J'ai mal à l'estomac. Mes jambes ne veulent plus avancer. Les idées noires commencent à affluer. Mes problèmes de boulot refont surface. Le spectre de l'abandon pointe son néfaste museau.
    45ème km, je marche pour la première fois. Pas longtemps. 150, 200 mètres maxi. Mais le mal est fait. Dans ma tête, ce troisième tour sera le dernier.
  • Photo Pourquoi ai-je attaqué un 4ème tour ?
    Peut-être qu'au fond de moi, je ne voulais pas abandonner si tôt.
    Peut-être grâce à ce Jean-Claude providentiel qui m'a attendu, a fait comme s'il n'avait rien entendu de mes souhaits de jeter l'éponge et m'a lancé aux abords de la consigne où je comptais récupérer définitivement mes affaires : "allez, on repart!". Ce n'était pas une question mais une affirmation.
    Toujours est-il qu'à cette consigne, je me suis contenté d'enlever mon maillot à manches longues. J'ai machinalement rechargé ma réserve de pâte d'amandes. J'ai bu et mangé.
    Et... je suis reparti.
    Quelques kilomètres plus loin, je me remettais à marcher et rendais sa liberté à mon double d'un tour.
    Seul, perdu dans cette campagne vendéenne, doublé par beaucoup, futurs cent-bornards ou marathoniens, j'ai purgé ma peine jusqu'au 60ème kilomètre.
    j'ai marché, couru, marché, couru avec mon nuage noir perso. J'ai cogité, ressassé.
    Et puis, j'ai lu les SMS envoyé par mes potes (Bobosse, Symphorien, Patrice) et puis j'ai parlé au téléphone avec Symphorien, qui assurait le direct live sur son blog et sur CLM. J'ai parlé avec Patrice. J'ai parlé avec mon Isabelle. J'ai vu poindre le 65ème km sous le soleil.
    Et puis, je me suis rendu compte que je courais mieux, pas plus vite, juste mieux, plus facile. J'ai dit à Isabelle que j'avais envie de faire une 5ème boucle. L'impossible ne me paraissait plus impossible.
    Pourquoi ? je n'en sais rien !
  • Photo Annoncé comme plutôt plat sur le site de l'organisation, ce parcours est une succession de faux plats montants et descendants, quelques petites bosses en prime, des ponts d'autoroute à gravir pour le piquant.
    Une grande ligne droite que je ferai toujours en courant pour ne pas m'user moralement. De la campagne, une petite portion boisée, un peu de chemins... beaucoup de bitume.
    Le tout à boucler 6 fois.
    Le plus dur est que les indications kilométriques n'étaient fournies que par intervalle de 5 kilomètres. Hormis les 5 premiers et les 5 derniers, pas d'indication.
    Et 5 kilomètres, quand on est dans le néant, c'est long, très long.
    Quand au 3ème tour, on regarde les panneaux 'Km 80', 'Km 95', c'est limite supplice !
    La météo à quant à elle été clémente. Le soleil a réussi quelques percées, fugace mais efficace (vous comprendrez ci-dessous pourquoi). Le vent était de la partie lui aussi mais, même contraire, il est resté modéré. Les quelques gouttes de pluie qui sont tombées sur la fin n'ont pas réussi à gâcher la fête. Température fraîche au départ puis douce et idéale en journée.
  • Photo Lorsque je quitte le stabilisé pour la 5ème fois, je réalise que j'ai un nouveau problème.
    J'ai oublié de mettre de la crème solaire. Et le soleil est de plus en plus présent. J'ai pourtant bien pensé à prendre ma casquette. C'est une certitude, le coup de soleil est assuré.
    Mais peu importe, lorsque, un peu plus loin, je vois le panneau 'Km 85', je me dis que dans un tour j'y serai.
    J'additionne patiemment les kilomètres, apprécie les ravitos, parle et encourage ceux qui me côtoient, répond au téléphone, applaudit les spectateurs qui m'applaudissent.
    Dans cette longue ligne droite qui mène au 75ème, je rejoins François. Au ralenti mais pas à l'arrêt, il pense rester sous les 13 heures et il le fera le bougre. C'est fort la volonté d'un cent-bornard.
    Tout juste deux kilomètres plus loin, c'est Jean-Louis que je rattrape. Il marche. Il est dans un mauvais trip. Je lui passe mon portable pour qu'il puisse rassurer les siens. Il ne lâchera rien et finira en 13h30.
  • La voix du speaker qui annonce 'Voici le numéro 1216, Jean-Claude de Saint-Herblain qui se lance pour son dernier tour' additionnée aux vivas des spectateurs assis sur les estrades me dopent litteralement.
    Je vais vivre ce 6ème tour avec délice.
    Lorsque Symphorien m'appelle une dernière fois, je viens de dépasser ce sacré panneau 'Km 85' sur lequel je faisais un fixette depuis le début.
    Même si le soleil a disparu, même si quelques gouttes de pluie peinent à mouiller le sol, moi, j'ai je goût de la réussite dans la bouche.
    Les lignes droites sont moins longues, les côtes moins pentues.
    C'est mon dernier tour. Alors, à chaque ravitaillement, chaque épongeage, je félicite et remercie ces bénévoles qui m'ont rendu la course si vivable. Je leur rends les sourires qu'ils m'ont adressés. Eux qui depuis plus de 12 heures oeuvrent pour le plaisir des autres.
    Je vais côtoyer jusqu'au dernier kilomètre un autre Jean-Claude. Non voyant, guidé par son accompagnatrice en vélo : je l'encourage, épaté que je suis par la grandeur du bonhomme.
    C'est finalement 3 Jean-Claude qui vont se retrouver dans fameuse ligne droite devenue simple formalité pour moi.
    "Je croyais que tu avais abandonné" me lâche mon sauveur de la mi-course. Une tape amicale et reconnaissante sur l'épaule, je lui rends un peu de ce qu'il m'a donné.
  • Photo Arrive le ravitaillement du 90ème km. Et là, j'en ai ras le bol des aliments sucrés, plein les bottes de la pâte d'amandes. Je cède à mon envie et craque pour du pain et de la Vache qui Rit. Le bonheur. Du pain et du pâté. L'extase. Je regrette de ne pas avoir cédé plus tôt et, malgré tout, espère ne pas avoir à le regretter dans les kilomètres à venir.
    Non seulement, je ne vais pas le regretter mais je vais récidiver au 96ème. Une bénévole à qui je confie mon dégoût du sucré me propose une bière. J'en accepte un demi verre. Avec la Vache qui rit, je suis au 7ème ciel. Je conseille ce régime à une future cent-bornard(e) et son accompagnatrice vélo. Rigolade. Lorsque je les dépasserai un peu plus loin, je leur ferai prendre conscience de leur erreur : "J'vous avais dit de prendre de la Vache qui rit. Ca donne des ailes". Re-rigolade. Photo
    Entre temps, j'ai franchi le 95ème. Je vois un accompagnateur prendre en photo son coureur accoudé au panneau kilométrique. Il me propose gentiment d'en faire de même avec moi. J'accepte. C'est ça l'esprit cent-bornard. On prend, on donne, on partage.
    Que dire des derniers kilomètres ? J'ai la certitude de finir. Mais ce n'est pas assez. J'ai la possibilité de passer sous les 12h30'. Je suis un peu court mais si je trouve la force d'accélérer, c'est jouable. Alors, je joue. J'accélère un peu.
    12h23'40", 99ème km. Je me lâche. Et aussi surprenant que cela puisse paraître, je pique un vrai sprint pour mon dernier kilo. J'en ai la force. Je suis survolté lorsque je m'engage pour la dernière fois sur le stabilisé avec en point de mire le portique final. Photo
    Le speaker accompagne mon arrivée, pousse les spectateurs à m'encourager pour mes derniers mètres. Je tends le pouce en l'air, lui dit que je termine mon premier. Il reprend l'info pour exiger encore plus de clameurs du public.
    Je pointe mon caméscope sur le chrono qui reste accroché à 12 heures 28 minutes et ces quelques secondes qui marquent la fin de cette longue, longue ballade vendéenne.
  • En résumé, voici les quelques chiffres qui illustrent ma progression :
    Moyenne : 8,01 Km/h
    Résultats
  • C'est avec une énorme tartine de Vache qui Rit, spécialement tartinée pour moi par un bénévole, que je savoure ma victoire car c'en est une.
    Je profiterai des talents d'une podologue et d'un précieux massage prodigué par un kiné. Le bilan physique est plutôt bon. Non seulement, je n'ai eu aucune crampe ni douleur articulaire durant la course, mais, comme le souligne le kiné, mes muscles sont toujours souples et relâchés, étonnant après une telle débauche d'énergie.
    Même si la plante de mes pieds est un peu sensible, je ne déplorerai que deux ampoules (les lampadaires comme les nomme mon kiné), une sur la face interne de chaque talon, qui ne m'auront pas trop gênées. Tannage préventif, strapping et crème NOK auront bien joué leur rôle.
    Une bonne douche plus tard, je collecterai ma récompense : un sac à dos et une ardoise commémorative.
    Je retrouverai ensuite Pascal, Jean-Louis et François. Le bilan est là encore ultra positif : tout le monde est arrivé au bout, trois nouveaux cent-bornards au tableau.

  •  L'orage éclatera un peu plus tard. J'aurai quitté mes amis, repris la route direction mon chez-moi.
    Je ne réalise pas bien la portée de ce que je viens de faire. Pas euphorique, je suis juste un peu soulagé.
    Cette réussite n'a pas gommé mes problèmes du moment.
    Elle me laisse juste entrevoir une éclaircie.
    Trop tôt pour dire si j'en referai un autre. Trop tôt pour penser à mon prochain défi.
    Ma tête est ailleurs.
    Mais une petite voix au fond de moi me dit : "tu l'as fait, c'est géant !".

  •  La vidéo marathon :

Le Diplome
Vos messages
U04/05/2010
bendidos
Je vois que tu t'apprêtes à tenter une nouvelle expérience sur 100 km, je suivrai avec attention le résultat de ce défi. Quoi qu'il en soit, bonne chance !
U18/05/2010
paquereau frederic
Salut Jean-Claude

Je te félicite pour ton exploit et j'attends avec impatience le compte rendu de ta course. Encore une fois bravo.
Ca me donne envie d'y participer.
Fred (Sorinieres Course Loisir)
U18/05/2010
Jean-Louis FOURNIER " Cagouille 41 "
Bravo Jean-Claude !!!
Tout cela me rappelle mon premier 100km à Millau en 2005 et le récit que j'avais écrit à l'issue.
Tu as été parfaitement régulier au fil des tours et tu es donc parfaitement taillé pour poursuivre l'aventure sur cette distance GH
Bonne récup et au plaisir de te retrouver sur sur autre course.
U18/05/2010
symphorien
J'ai l'impression, comme Jean Louis de revivre le mien un an plus tôt!
Tu as raison, la solidarité entre les premiers et les derniers n'est pas un vain mot et c'est çà le plus magnifique!
J'espère vraiment qu'on pourra faire le prochain (car il y en aura au moins un autre j'en suis sûr!!) ensemble!.
Bravo encore et surtout profites bien de l'euphorie ambiante!
J'espère aussi que dans ton boulot çà s'arragera vite et bien!!
U18/05/2010
Sébastien Herry
Bonjour Jean Claude
Je tenais à te féliciter pour ton premier 100Km, c'est super.
Voilà quelques temps que je suivais ta préparation sur ton site, ton récit est parfait. Il me donne envie de courir un 100Km un jours.
Repose toi bien, récupère bien. Bon courage pour tes prochains défis.
Sébastien (Un ancien de l'UFCPH)
U19/05/2010
El palmero
ça c'est du récit GH Félicitations pour ta réussite de ce paris de grand fada GH Etre 100 bornards c'est énorme et en plus tu finis frais GH Je conculterai à nouveau ce récit des plus complets avant de tenter la grande aventure Millau 2011! Le bonjour à ta petite famille MC
U20/05/2010
Adf3773
WK Salut Jean Claude ,
Ton récit est tellement beau et émouvant , ça en donne la chair de poule ...
Un grand bravo , quel défi et quel courage !
Quant à moi , beaucoup plus modestement ,j'ai fait le marathon du Mont St Michel et en ai bavé des tonnes à cause d'un vent du diable et d'une préparation tronquée (gros accident de ski hors piste fin mars qui a failli me coûter la vie ,suivi de 3 semaines d'arrêt total du sport ).
Encore toutes mes félicitations et à bientôt sur une course .
Toni (ton chauffeur du marathon de Séville , ah ah !!)
U31/05/2010
Doug
Salut JC
Je rentre d'un long déplacement professionnel et je me suis jeté sur le net pour avoir des nouvelles de ton 100 bornes ! et bien BRAVO !! c'est un sans faute, avec le temps en plus.
Félicitation de ma part et de Marie.
@+
Doug
Merci !

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